LA LEÇON
Je commence par la première leçon.
Je me fiche du texte.
Ce Texte Finira! avec le temps par être connu parfaitement, comme par coeur, infiniment plus solidement et utilement que par coeur.
Je me fiche du texte, mais! je lis lentement!!, très lentement.
Le Texte dans la Langue. Un peu seulement en français pour m'assurer que j'ai bien compris.
Je DEGUSTE le Texte. C'est une lecture dégustation. Chaque Image, chaque mot, chaque phrase est intéressante, amusante, super, géniale.
Je ne cherche absolument pas à me souvenir de quoique ce soit. Je regarde, j'observe, je contemple.
Lentement, comme je regarde lentement, posément, un paysage en voiture, en train, en me promenant dans le jardin.
Je suis, en fait, en train de faire sans m'en rendre compte, une vidéo, avec ma caméra mentale, que je promène lentement sur le texte et ce qu'il décrit.
Je m'occupe d'abord et principalement des Images, des Images 3D, des OBJETS, et de ce qui se passe avec ces objets.
Je dis ce que je vois, je raconte. Je raconte tout le temps. Je discute, je cause.
Et, ensuite!, en deuxième lieu, je m'intéresse!... aux mots, aux morceaux de phrase. Je ne mémorise pas du tout!, je m'intéresse seulement, c'est amusant, tiens c'est bizarre, tiens çà ressemble à, etc...
Pas du tout au texte, qui est une entité lourde, longue, vide et sèche, indigeste au possible, inbouffable, qui ne présente aucun intérêt, qui n'existe pas ! (On est à 10000 kilomètres du parcoeur, aucun, zéro, rapport.).
(Au delà d'un petit minimum réellement justifié, la poésie avec vers, pieds et rimes, c'est complétement dépassé. Tout ce qu'il y avait à faire pour consolider la langue française encore un peu fragile l'a été par Lafontaine, Corneille, Hugo et Musset. Ce n'est franchement plus que, et strictement que, de la connerie, une façon de perdre son temps et d'en faire perdre aux autres quand on a rien à dire. La forme doit uniquement servir et jamais contraindre le fond, le sens, l'image. C'est l'image qui contraint le texte et non l'inverse. La contrainte c'est que texte soit le plus juste possible. Et on a alors effectivement tout intérêt à figer définitivement le résultat de cet effort d'écriture qu'on estime parfait. On obtient alors un texte de loi, un théorème, une clause de contrat, un poème en prose, un texte "sacré", titré et catalogué, ce que j'appelle une Extension, un petit texte définitif parfait, parcoeur-visuel!-isable.)
Comme je l'ai déja évoqué, il y a une photographie spontanée du texte, en tant qu'objet graphique, qui me servira effectivement ultérieurement comme une carte géographique. Ce qui n'a donc absolument rien à voir.
Normalement je recommence cette lecture simple et gourmande plusieurs fois, 2 ou 3 fois, étalées sur plusieurs jours, et sur quelques textes successifs, 2 ou 3, pas plus.
Et ensuite seulement, je passe à la bonne, qui va se dérouler par petites tranches.
Cependant pour vos premiers essais faites votre expérience complète dès la première fois sur un seul texte pour comprendre.
Une fois lues un paragraphe, 5 à 10 phrases courtes, c'est à dire un paragraphe logique, ce que j'appelle une Extension, je m'arrête, STOP, je retourne et je pose le bouquin, et... JE RÊVE !
Je rêve, c'est à dire, que je ne fais RIEN !
Je ne passe sutout pas à la suite. Je ne zappe surtout pas, stupidement.
Ce que je viens de lire occupe, que je le veuille ou non, mon espace mental, mon espace visuel, ma Mémoire Immédiate.
C'est une matière, tendre et lumineuse, infiniment précieuse et en même temps excessivement fragile.
Elle est là, entièrement disponible, totalement maîtrisable, malléable, exploitable à loisir, à la condition de ne pas la saboter, de ne pas la violer, de ne pas la gâcher avec mes gros sabots.
Et alors..., je RACONTE!, je raconte ce rêve, spontanément, naturellement, serein, détendu, comme sur le divan chez le psy.
Je vois débarquer progressivement Tout le Monde, les Objets, les Images, les Mots et Morceaux de Phrase.
Les mots et les morceaux de phrase viennent eux même!, accrochés à l'Image, Grâce.. à ma lecture lente.
ET ALORS... JE LES PECHE !
Je fais la Récolte, la Cueillette. Ils arrivent, je les Saisis, je les Cueille.
Calmement. Il n'y a aucun risque, (on se calme les enfants ! , il y en aura pour tout le monde). Ils sont collés à l'image, ils reviennent systématiquement.
En cours de séance, j'entends, tant que c'est chaud. Il ne faut pas laisser refroidir. Tout en sachant quand même qu'on ne pourra pas s'occuper de tout le monde au cours de la même séance.
Le poisson est sur le bateau, il faut le traiter.
Il faut traiter soigneusement chacun d'eux, sinon, il repartira ou pourrira, et ce sera foutu.
Il faut traiter chaque poisson, un à un, un seul à la fois en prenant son temps, le saler, le sécher, etc..., c'est à dire le Fixer, le rendre réellement conservable.
Isoler un élément, Objet, Image, Mot, morceau de phrase, ne voir que lui au monde ! dans sa tête, de façon prolongée,
le Contempler, sous tous les angles, calmement, paisiblement,
et donc ainsi le faire Photographier, en 3D, par son cerveau, en faire faire l'hologramme,
provoque ce que j'appelle sa MUTATION.
Il devient spontanément, à un certain moment, d'un seul coup, un véritable objet, un objet à part entière, inoubliable et indestructible.
C'est un changement d'état complet et brutal, une authentique transformation chimique.
Habituellement cette transformation se produit sur le tas ou en bachotant, sans qu'on s'en rende compte.
Vous constatez que ce truc là est resté, a été enregistré, soit en restant complétement immergé suffisamment longtemps dans le sujet, soit en bossant dur, en vous épuisant, en vous torturant plus ou moins les méninges.
Et, dans ce dernier cas, avec un résultat, on le sait, malheureusement peu solide, qui ne tient souvent pas plus de 6 mois.
Ici, c'est tout le contraire, cette transformation, cette Naissance, a eu lieu sous vos yeux, en direct, de façon complétement volontaire et controlée.
C'est à dire que vous êtes réellement devenu un agriculteur, un jardinier, un cultivateur, vous faites de la VRAIE Culture (sens premier et complétement perdu du mot Culture).
Vous faites vraiment pousser, de façon optimisée, avec un rendement maximal pour un effort minimal, quelque chose de solide, d'utile et durable, un vrai grain de blé, dur, riche et dense.
Il s'agit d'un ABOUTISSEMENT !
Cette condensation, cette Cristallisation, n'a pu se produire qu'au terme d'un processus d'accumulation lent.
On a lu, plusieurs fois, de façon lente et attentive, on a rêvé, on a discuté, on a ainsi constitué une matière tendre, une purée d'images, un condensat, un liquide dense et riche,
AU SEIN duquel, la pression est suffisante pour passer naturellement, facilement, à l'Isolement de l'élément, d'une petite partie de ce condensat, tenu, soutenu, existant en fait par, Tout le Reste.
C'est le principe même de la condensation puis de la cristallisation, de la constitution de tout élément solide, de toute matière, glace, roches, pierre précieuses, etc...